26 JANUARY 1934, Page 14

Fleurs de France

[D'UN CORRESPONDANT PARISIEN.]

PAR ces temps de frimas, ott un vent glacial souffle en ternpete, soulevant en montagnes d'ecume blanche les Hots verts de Tocean, cependant que la pluie, he brouillard et la grisaille du ciel viennent jeter dans rime toutes les angoiSses cendrees de l'hiver, comment notre pensee ne s'elancerait-elle pas aved espoir et regret vers la cote eblouissante qui, sous un soleil dc feu &mule, de Marseille a Menton, ses promon- toires nacres et ses eriques d'azur ? . . comment n'evoquerions-nous point, pour echapper an spleen des brumes parisiennes, ces . paysages radieux ..oil fremissent les pahniers et oil les mimosas, poudres d'or,- ploient sous leur chevelure ernbaumee ? . Y, comment pourrions-nous ne plus voir, en fermant les yeux, ces march& aux ileurs de Cannes, de Nice et de Monaco, oil s'amoncellent, chaque Matin, en gerbes enivrantes tous les coloris et toutes les fragances de ce sol grin= tamer ? . . .

A quoi bon, dira-t-on, cette echappee sus le rove, puisque nous somnies a Paris, gull fait froid et desagreable; et qu'il n'existe pas dans la capitale francaise de march& aux fleurs cornparables a ceux qui- font, a Nice, In joie des yeux ? . . . Loisqne nous votilons, quand meme; aller chercher dans l'epanciuissernent des floraisrnis l'oubli des miseres hivernales, et que, rassemblant notre courage, nous nous rendons au Pavillon des Fleurs, lequel se trouve sis aux Mlles Centrales, l'illusion, helas, ne tarde pas se faner. Les Hanes, en effet, comme le Covent Garden de Londres, sont eneOmbrees par un tel chaos de detritus, d'epluchures, dc debris et de rognures de toutes sortes, que le visiteur, ecoeure, renonce A aller cueillir, parini les merveilleuses ambassadrices des rives benies de In Mediterranee, l'antidote a Wit de novas, de carottes et de choux ! . . .

On n'en apprendra qu'avec plus de joie la nouvelle suivante, qui vient combler les voeux de tous ceux aimant en la flour un reflet vivant de delicatesse et de beaute, souhaitaient la voir s'offrir en un decor digne cl'elle. Le regime des Halles ' est sur le Point de. finir.

Il va lui falloir s'incliner devant l'avenement d'un radieux Palais de la Fleur, qui, eleve, par les soins des syndicats horticoles de France, constittiera A in fois un marche national de notre production florale et un cadre harmonieux oA des artistes reputes reciliseront, de lairs doigts . experts, une exposition perpetuelle de lumiere, de grAce et de parfum. La luxueuse residence de La Majeste Corolle se dressera, en plein centre- de Paris, A deux pas de Notre-Dame et du Chatelet. LA, oft menaertient, it y a quelques. mOis.encore; de sieffondrer des masures lepreuses,, aujourd'hui abattueS, jaillira bientot un edifice soniptueux, et Pilot_ irisalubre qui servait, jadis, de receptacle aux miasmes deleteres, se transformera, comme sous la baguette d'une fee, en- tine oasis de fraicheur et de magic.- Ce projet, qui a raffle.: les suffrages chi Prefesi de. la Seine et du Conseil-Municipal, prevoit une organisation extremement waste, et l'on aura une idee de l'imporfance du Palais. envisage en notant quc les frais de sa seule construction sont une sonirne de vingt millions: Voila une entreprise doublement heureuse', puisqutelle reussit a allies I'utile A l'agreable, et le cha.ime leger du lyrisme auk neeesSifes materielles do l'urbanisme: Rarement les ParisienS auront en a attendre, aver aufant d'impatience, d'une oeuvre qui • . perniettra, chaque jour, de jeter sur tem Ville la chatoy- ante. panne de. la Riviera,