Innovations Politiques
[D'un correspondant parisien.] Suit LE front politique francais it y a beaueoup de nouveau. Trois innovations surtout interesseront he lecteur anglais, car elles lui demontreront que la republique pent etre en retard sur In monarchic.
Pour in premiere fois en France un israelite va devenir president du conseil des ministres. Pour la premiere fois le parti socialiste va detenir le pouvoir. Et pour la premiere fois ropposition, qui naguere encore ne se fixait d'autre but que la chute du ministere, s'inquiete aujourd'hui du role copstructeur qu'elle pourrait jouer dans l'etst. Un de ses chefs, M. Paul Reynaud, a dit : " L'opposition est un service public, comme he gouvemement."- On n'ignorait pas, que les institutions anglaises avaient beaucoup frappe M. Reynaud au cours d'un recent voyage ; it semblerait que " His Majesty's Opposition " n'en fut pas la moindre.
Les elections legislatives de 1936 n'auraient-elles d'autre resultat que d'engendrer cette nouvelle conception du retie de l'opposition qu'elles n'en meriteraient pas moins une place dans l'histoire. Avec une opposition preoceupee par-dessus tout de rinteret public," que ne pourrait-on pas esperer ? L'avenir est tout rose lorsque le politicien aspire a devenir homme d'etat. La France en accepte l'augure, quoique d'aucuns redoutent in survivance de mauvaises habitudes.
La declaration de M. Reynaud concorde avec l'accueil fait a ridee d'un ministere Leon Blum. Le futur cabinet jouit d'avanec non seulement du devouement entier et enthousiaste des socialistes, de I'appui " fraternel " des conununistes et de la collaboration raisonnee des radicaux, mais aussi du prejuge favorable de tons les autres pants, ainsi que de la grande majorite du pays. Celui-ci, dam son ensemble, reclamait des hommes nouveaux, des methodes nouvelles. Tons les electeurs, certes, ne les cherehaient pas a gauche. Le lendemain du scrutin it y eut un moment d'effarement et de crainte. Mais M. Blum se revela si sense, si isxkirant; si peu revolutionnaire, qu'aujourd'hui tous s'accordent lui faire credit et c'est dans he plus grand calme que la Piaace attend ('experience socialiste.
L'avenement du ministere. Blum n'est pas , sans Analogie avec celui du ministere Waldeck-Rousseau it y a une quaran- taine d'annees. Apres he chaos produit par l'affaire Dreyfus, he pays aspirait a la paix interieure et cherchait des bommes nouveaux. C'est alors que pour la premiere fois en France un socialiste devint ministre ; it s'agissait de M. Alexandre Millerand. Le ciel ne s'ecroula pas pour cela sur In tete des Gaulois. L'experience Waldeck-Rousseau se tennina par la formation du cabinet Emile Combes, inaugurant he regne des radicaux qui ne devait finir que k 3 mai• 1936. Par parenthese, it est a noter conune autre signe des temps nouveaux qu'on ne pose pas encore cette question qui etait devenuc rituelle avec tout changement de gouvemement " Qui succedera an nouveau ministere ? "
• En politique etrangere egalement, rien de revolutionnaire. Pourtant on etait fonde is he craindre. Le parti socialiste, en effet, ne manque jamais d'accoler it son nom les initiates S.F.I.O. pour Bien marquer n'est qit'une cellule dans un organisme international. Or !'Internationale onvilere a une doctrine bien definie. Entre autres elle repronve les dictateurs. En Europe actuellement les dictateurs stint en majorite. Allait-on rompre avec certains ?
Dims ce domain egalement M. Blum a, tenu a rassurcr. II desire vivre en paix avec toutes les nations quels que soient leur politique interieure et leur regime. En outre it desire rendre is la Societe des Nations sa cohesion materielle et morale. S'il vent desarmer, ce ne sera que progressivement. II a meme exprime le regret que ccrtaines dettes de guerre fussent .impayees.
Par ailleurs M. Blum a reconnu ks difficult& qui he con- frontent ; il a endosse d'avance toutes les responsabilites du pouvoir ; it a revendique le droit de_ parler et d'agir en chef.
Tout eela,a etc fort bien Teen. Il convient neanmoins de signaler qtie M. Blunt .s-'est confine dans rabstrait. ("est dans le concret gull; sera jug,e: Attendons-le a roeuvre.