L'EXPOSITION DE 1937
[D'1UN CORRESPONDANT PARISIEN]
LE PRESIDENT DU CONSEIL et les quatre ministrec interesses viennent de presenter aux membres du Parlement frangais un projet de loi qui a provoque, des son apparition, la plus vive sensation. It s'agit des mesures ay-ant pour but de definir et de preparer le programme de l'Exposition Internationale qui &it se tenir A Paris, dans trois ans. Ce n'est point que l'idee soit nouvelle. En 1932, déjà, un premier projet avait ete elabore, auquel le public semblait dispose A reserver le meilleur accueil. Mais les organisateurs s'etaient vite heurtes A de graves difficultes ; les frais paraissaient considerables et certaines ressourees hien hypothetiques bref, en presence 'du marasme grandissant des affaires, on Crut sage de remettre A des joins moms nefastes la realisation d'un reve que.d'aucuns estimaient chimerique.
L'opinion publique s'en montra decue. L'annonee d'une Exposition avait ete accueillie avec joie, car la France n'oubliait pas que la preparation de la" Coloniale " de 1931 avait, pendant deux annees pleines, fourni du travail A des millers d'ouvriers. La reprise actuelle du projet ne pouvait, dans ces conditions, que faire naitre de grands espoirs. Au moment oil souffrent tant de chorneurs, les trayaux de toutes sortes necessites par la mise sur pied de la nouvelle entreprise paraissent de nature A attenuer sensiblement les effets de la crise.
Le programme soumis, ces jours demiers au Parlement se distingue du projet initial, abandonne en 1932, par une reduction des depenses et un rneilleur amenagement des ressources. On aurait recours, notamment, a une loterie dont le fonctionnement ne devrait point, bien entendu, porter prejudice A celui de la Loterie Nationale. Ainsi concue l'entreprise serait, financierement, viable. Quant A son interet artistique, il ne saurait etre douteux. L'Exposition de 1987 est, en effet, destinee a "pre- senter les oeuvres d'inspiration nouvelle, d'une originalite reelle, executies par les artisans, les artistes, les createurs de modeles ou les editeurs, dans le domaine des arts decoratifs et industriels modernes." Elle permettra, en quelque sorte, une synthese des tendances mondiales d'aujourd'hui dans l'ordre de l'art et du confort. Elle sanctionnera egalement les efforts tentes en vue d'abaisser les prix de la production, et l'on voit, par là, l'influenee bienfaisante qu'elle pourra exercer. Deux sections speciales sont appelees a retenir par- ticulierement l'attention : l'une, reservee A l'habitation, sera chargee de mettre en valeur, dans un cadre har- monieux, les conceptions des architectes de tous les pays ; l'autre, extremement originale, sera consacree l'art des jardins. C'est un art qui n'a jamais_ ete_com- pletement abandonne en France, et il n'est pas interdit de penser que la grande tradition de LenOtre trouvera là une occasion elegante de renaitre et de refleurir.
Le choix de l'emplacement d'une pareille entreprise ne va pas sans poser un probleme redoutable, _et la solution adoptee s'accompagne, ii faut le reconnaitre, de quelques critiques. Les organisateurs ont retenu comme point central le Trocadero: L'exposition propre- ment dite s'etendra sur.les deux rives de la Seine, .depuis le Pont de Passy jusqu'au célèbre Pont de l'Alma. La section architecturale se verra, pour sa part, dotee de vastes terrains situ& dans le XIlle arrondissement, et la section des jam-dins elevera ses charmilles Sur les pelouses du Parc de Sceaux. On se plait a penser que les nations etrangeres tiendront it affirmer la vtdeur de leurs artistes, en collaborant a l'Exposition de Paris et que le monde entier y trouvera pretexte it se mieux comprendre, et- qui sait ?—a se mieux aimer. R. L. V.
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